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Kallee: «La IIe République, un projet dangereux»

20 novembre 2014, 15:28

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Kallee: «La IIe République, un projet dangereux»

L’avocat Arassen Kallee est l’auteur de «Les graves dangers». Dans ce premier livre, il a voulu alerter les Mauriciens sur, dit-il, les dangers que représentent la IIe République et l’amendement à la Constitution proposé sans référendum par l’alliance PTr-MMM.

 

Vous avez pris moins de quelques mois pour l’écriture de votre livre, Les graves dangers. Comment l’idée est-elle venue?

Un sénateur américain a dit ceci un jour: «Ayez toujours à portée de main une copie de la Constitution et une copie de la Bible.» La Constitution anime la vie d’une démocratie. La population s’y inspire pour les libertés individuelles ou associatives, par exemple. Dans la profession, elle est notre bible. Il se trouve que de dangereux changements constitutionnels sont au cœur du projet de IIe République. Il y a l’instauration d’un régime présidentiel et un partage de pouvoirs entre deux capitaines.

Depuis de longs mois, des bribes d’informations ont circulé dans les médias. Dans la profession,des informations s’échangent parfois entre confrères. In a nutshell, ce sont ces changements constitutionnels projetés qui ont excité ma curiosité, surtout ceux envisagés pour accommoder la IIe République et les termes de l’accord du 20 septembre.

J’ai fait des recherches, j’ai lu des tonnes de documents, tout en réfléchissant aux questions touchant la Constitution. J’ai partagé certaines de mes réflexions avec quelques amis à Londres. Ils m’ont encouragé à écrire des articles dans les pages ‘op-ed’. J’ai commencé à écrire. Puis, j’ai pris la parole à un congrès. J’ai touché à la Constitution.

Mais j’ai vite déchanté pour deux raisons. La parole publique était peu appropriée pour parler de la Constitution. Tout comme les articles. J’ai longtemps travaillé dans une maison d’édition. Je connais ses rouages. Je me suis laissé tenter par l’expérience d’une petite publication, encouragé par de vieux amis. J’ai donc passé mes nuits et mes week-ends à réfléchir et à travailler sans relâche. Faute de temps, et comme il fallait faire vite, je me suis limité à des questions d’actualité. Je ne voulais pas non plus rendre l’exercice purement académique, légal.

 

Plusieurs légistes, dont Me Raouf Gulbul, parlent de référendum pour l’instauration de la IIe République. Y a-t-il eu une concertation entre les membres du barreau à ce sujet?

En ce qui me concerne non, il n’y a pas eu de concertation. Quelques amis avocats ont lu le manuscrit. Si des légistes évoquent l’importance d’un référendum, c’est qu’ils ont trouvé les raisons légales, constitutionnelles, valables.

Vous vous souvenez sans doute que mon senior au barreau, Me Jacques Panglose, s’était temporairement éloigné de son parti sur la question de référendum. Paul Bérenger, que je respecte, dit que les changements projetés ne toucheront pas à l’article 1 de la Constitution. De nombreux légistes sont d’un avis contraire. Passer de “sovereign democratic state” selon le modèle westminstérien de “parliamentary democracy” à la IIe République, avec un régime présidentiel, est un changement majeur dans la structure fondamentale de la Constitution. On parle de l’élection du président au suffrage universel, de président jouissant des pouvoirs exécutifs, en sus de son rôle de super ministre des Affaires étrangères, de super Premier ministre qui présidera le Conseil des ministres quand il le souhaite, de super député qui s’adressera au Parlement quand il le souhaite, de super président qui disposera du pouvoir de dissolution, etc, etc.

Avec deux capitaines à bord, le projet de IIe République viendra bouleverser les fondements de notre système actuel de gouvernance - démocratie parlementaire,cabinet system of government, président non élu au suffrage universel et sans pouvoirs exécutifs. Des citoyens et des légistes laissent entendre qu’ils vont contester juridiquement le projet de IIe République. Donc, je vous demande de la patience pour voir plus clair dans cette affaire. Changer les fondamentaux de la Constitution sans référendum est extrêmement grave.

Et c’est faux de dire que seuls des légistes s’intéressent à la question. L’express a publié d’intéressants articles de collaborateurs, que je cite dans mon livre d’ailleurs. De nombreux citoyens font entendre leurs voix dans les journaux et radios.

 

 

Concrètement, pour le citoyen lambda, comment la IIe République affectera-t-elle son quotidien ?

Gilbert Ahnee avait, sur les ondes d’une radio privée, tiré la sonnette d’alarme très tôt quand il disait que le pays ne pouvait s’offrir deux capitaines sur un même bateau. Le 20 septembre, Paul Bérenger a dit la vérité au pays – il a prévu qu’il y aurait des tiraillements entre le MMM et le PTr. Vasant Bunwaree prévoit le même scénario. Selon un article paru dans l’express, la majorité des Mauriciens s’attend à une cassure du MMM-PTr.

Et avec les dangereux amendements constitutionnels concoctés par le MMM-PTr, il est certain que la vie quotidienne du citoyen lambda sera affectée. Pei la même pou vir an bas la haut, pou gagn malad la tet. Je vous pose la question: comment manage la situation socio-économique dans ces conditions?

 

Quel est votre rôle sur la scène politique actuelle ?

Je suis simple membre du MSM. Je participe à la campagne électorale.

 

Vous êtes actif au sein de l’alliance Lepep. Cela n’affecte-t-il pas votre objectivité concernant cette mesure que compte prendre l’alliance de l’Unité et de la Modernité?

Je suppose que les journalistes exercent leur droit de vote dans le secret absolu. Cette démarche citoyenne affecte-t-elle leur objectivité en cette période de campagne électorale? Evidemment, non. Vous êtes des professionnels responsables. Je vais vous faire une révélation. Personne, je le répète, personne au MSM n’était au courant de mon projet d’écriture.

J’ai écrit en toute liberté, sans frayeur. La Constitution, la IIe République “from the beginning till the end of the story, as far as I am concerned, remains a highly non partisan issue in my mind’’. Je demande aux Mauriciens, pour une fois dans leur vie, de faire abstraction de leur sensibilité politique. Il faut rejeter ce dangereux projet de IIe République.

Voici le message que m’a envoyé un professionnel connu et respecté et qui n’est d’aucun bord politique. “Good is not enough to describe the book. It’s a wonderful, excellent eye-opener and relevant in present circumstances. I think every Mauritian must have a copy and read it. He will need it as a reference. Every page is important and I enjoyed every bit of it.’’