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Taux directeur: des opérateurs privilégient le statu quo
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Taux directeur: des opérateurs privilégient le statu quo
Doit-on s’attendre à des rebondissements à l’issue de la 35e réunion du Monetary Policy Committee (MPC) prévue cet après-midi, lundi 27 octobre? La question est pertinente au vu du contexte électoral et de la conjoncture économique du pays. Spécialistes et opérateurs économiques privilégient le statu quo. Soit le maintien du taux directeur à 4,65%.
Si on se réfère au Statement du MPC publié à l’issue de la réunion du 14 juillet, la Banque de Maurice avait déjà donné une indication sur cette option. «Mild inflation pressures, factoring in broadly stable commodity prices, made it possible to provide strong guidance that the KRR (Key Repo Rate) would stay unchanged up to the end of the year.» Et d’ajouter que la politique monétaire aura à être revue par la suite, à la lumière des derniers développements sur les risques inflationnistes, avec notamment une possible hausse de 25 points de base du taux directeur dans le sillage du Budget 2015.
Jameel Khadaroo, ex-gouverneur adjoint à la Banque de Maurice et ancien membre du MPC, plaide, lui aussi, pour le statu quo. Sa démarche est motivée par le fait que les principaux marchés de Maurice, soit ceux de l’Europe, subissent toujours les effets de la crise et passent par une phase de ralentissement économique. «L’économie locale est toujours fragile avec une croissance molle de 3,5%. Nos décideurs économiques doivent fixer comme une de leurs priorités la relance de la croissance, notamment en dopant l’investissement et en encourageant les exportations», analyse Jameel Khadaroo.
Or, dans un tel contexte, augmenter le taux d’inflation serait suicidaire à la fois pour l’économie et les opérateurs. Il récuse l’idée entretenue par certains spécialistes à l’effet que c’est la baisse du taux d’intérêt ou, à défaut, son maintien qui a été l’origine du faible niveau d’épargne à Maurice. «Mes recherches à l’université de Maurice ont montré que la baisse des taux d’intérêt n’a eu que des effets limités sur le niveau relativement bas du taux de l’épargne national à Maurice. Il y a d’autres facteurs qui ont contribué à ce que le Saving Rate passe de 24% en 2004 à presque 12% l’année dernière», poursuit Jameel Khadaroo.
Une analyse que rejoint Ahmed Parkar, Chief Executive Officer de Star Knitwear et Chairman du Joint Economic Council. Celui-ci part du postulat que l’économie est sous pression suivant la crise économique dans la zone euro et qu’augmenter le taux d’intérêt dans une telle conjoncture alourdirait le niveau d’endettement des entreprises. Il dit comprendre le sort des petits épargnants qui ne savent pas à quel saint se vouer - vu que les taux d’intérêt pratiqués par les banques ne les incitent pas à épargner.
EXCÈS DE LIQUIDITÉS
«Mais nos décideurs ont un choix à faire. Ils doivent décider entre la poursuite d’une politique monétaire qui encourage les opérateurs à exporter dans les meilleures conditions en s’appuyant sur un taux de change favorable à la roupie ou permettre aux épargnants de fructifier leurs investissements avec un taux d’intérêt révisé à la hausse», préconise-t-il. Il insistequ’il y va de l’avenir du pays.
Quant à l’économiste Swadicq Nuthay, il s’appuie sur les raisons avancées par la Banque de Maurice suivant la dernière réunion du MPC pour maintenir le KRR inchangé. Toutefois, la question d’excédent de liquidités demeure, selon lui, une source d’inquiétude pour la Banque centrale et doit être prise en compte par les membres du MPC. Swadicq Nuthay trouve que toute la problématique liée au taux d’intérêt doit être reléguée au second plan au profit des mesures urgentes à prendre pour résoudre l’excédent de liquidités qui prend aujourd’hui des dimensions inquiétantes.
«Ce qui doit interpeller les membres du MPC est le nouvel instrument à mettre en place pour éponger l’excédent de liquidités. Au cas contraire, c’est tout le système financier qui risque d’être déséquilibré», dit-il. La réunion de cet après-midi ne devrait donc pas, a priori, livrer de grandes surprises… avec un taux directeur inchangé. Sauf s’il y a un rebondissement de taille.
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