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Geet gawai: quand les jeunes s’y mettent

24 août 2014, 19:40

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Geet gawai: quand les jeunes s’y mettent

Jadis, à l’avant-veille d’un mariage hindou, les personnes âgées célébraient l’amour conjugal. Elles chantaient en bhojpuri l’histoire d’amour vécue par les dieux. Cette cérémonie, appelée le geet gawai, a évolué. Désormais, ce sont les jeunes qui ont repris le flambeau. En se déhanchant sur des musiques pop ou en jouant, tels des acteurs, des scènes d’amour. Le geet gawai oscille entre tradition et modernité, tentant de se réinventer sans faire fi de son symbolisme.

 

Mais la version moderne de cette cérémonie a peu à voir avec la religion. Le but de ces groupes de jeunes est de mettre de l’ambiance et de divertir les invités. Quant au programme, il est à la carte: soirée séga, Bollywood ou Hollywood… Ces groupes s’adaptent et créent leurs propres chorégraphies. Tout comme la cérémonie traditionnelle, le geet gawai moderne débute à 19 heures. Il peut se poursuivre jusqu’à deux heures du matin selon la demande du client. Mais les similitudes s’arrêtent là.

 

 

Garantes de la tradition, les nanis que nous avons rencontrées à Résidence Kennedy restent accrochées à l’héritage légué par des «gran dimounn ki ti pe danse». Certaines d’entre elles dansent lors des geet gawai depuis plus de trois décennies. Elles y sont arrivées presque naturellement: «Nou inn gagn labitid al ek bann gran dimounn. Nu inn fi ni konn bann sante la par ker.»

 

Ces bolfam danse clament qu’il faut absolument conserver le geet gawai. Elles affirment qu’une maison qui abrite ce genre de spectacle obtient les faveurs des divinités qui protègent alors les jeunes mariés dans leur nouvelle vie.

 

Parmi les «nanis» de Résidence Kennedy, certaines dansent et chantent depuis plus de 30 ans.

 

Mais il est certain que toute cette tradition a évolué. Il y a 20 ans, les hommes n’étaient pas admis à l’intérieur de la salle où les femmes chantaient et dansaient. Aujourd’hui, les danseuses n’hésitent pas à inviter les convives à venir sur scène.

 

Ces spectacles ont de plus en plus de succès, beaucoup les trouvant plus divertissants que le geet gawai traditionnel. C’est aussi un moyen de remercier les invités pour leur présence. Alors, pour se faire une place dans ce milieu, les groupes font tout pour en mettre plein la vue. À commencer par les costumes.

 

 

Certains les confectionnent eux-mêmes. D’autres, comme la Krumania Dance Academy, vont les chercher jusqu’en Inde. C’est ce qu’affirme Nirusha Routho, la chorégraphe de ce groupe: «Chaque année, je vais en Inde pour choisir des vêtements très colorés et originaux.»

 

Elle constate que les gens sont plus intéressés par les spectacles modernes. Mais elle estime que le geet gawai reste une référence en matière d’animation traditionnelle lors des mariages

 

Malgré la concurrence des groupes modernes, les nanis ne semblent donc pas près de rendre leur tablier. Certaines personnes, ne voulant pas faire l’impasse sur la tradition mais souhaitant insuffler une touche de modernité à la cérémonie, optent ainsi pour une combinaison des deux méthodes. La chorégraphe de Krumania Dance Academy en témoigne: «Après deux heures de chants bhojpuri, on nous demande de nous produire sur scène également.»

 

Au final, si le geet gawai a beaucoup évolué, il n’a pas perdu ses racines. Et restera pour toujours un moment de joie, où les chants et la bonne humeur continuent de primer.