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Des champignons frais à portée de main

15 mai 2014, 00:00

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Des champignons frais à portée de main

Après le succès des potagers familiaux, la Fondation K-Force encourage les habitants des localités vulnérables à se lancer dans la production des pleurotes à domicile. Visite des champignonnières de Barkly.

 

«La première chose que je fais en me levant, c’est d’aller regarder mes champignons, c’est une belle distraction ! », confie Mario Niclair, soudeur à la retraite. Habitant de la cité Barkly, Mario Niclair a placéles trois sacs de substrat offerts par la Fondation K-Force sur une petite étagère, dans sa cour.

 

Les pleurotes, qui poussent hors du sac, bénéficient ainsi de l’ombre des feuilles d’une plante grimpante de giraumon. La cour de Mario est luxuriante et la récolte abondante : fruits de Cythère, bilimbi longues, grenadines, bringelles, tom-pouce, piments et aussi une étonnante variété de pommes de l’air…

Vijay Naraidoo, coordinateur de la Fondation K-Force.

 

«Depuis 2011, l’association Fondation K-Force travaille pour promouvoir la culture potagère auprès des familles modestes à Barkly, Chebel, Albion, Gros-Cailloux, Canot, Folles-Herbes à Bambous et Petite-Rivière. Et nous sommes pleinement satisfaits des résultats sur le terrain avec 850 ménages impliqués dans ce projet visant l’autosuffisance alimentaire. Parmi ces jardiniers, nous avons contacté les trente personnes les plus passionnées pour lancer un projet pilote de champignonnière », précise Vijay Naraidoo, coordinateur de la Fondation K-Force.  «Produit incontournable du panier de la ménagère, le champignon entre aujourd’hui dans la composition de nombreux plats mauriciens, ce qui n’était pas forcément le cas il y a encore quelques années».

 

Vitamines B

 

Mario Niclair se réjouit d’avoir été choisi pour ce projet de culture du champignon : «Je suis pleinement conscient de l’impact des produits chimiques sur la santé, alors pour moi et ma famille, c’est important de manger des aliments sains et frais.»

 

La pleurote est d’ailleurs connue comme un aliment riche en vitamine B et en minéraux (phosphore, potasse et fer), qui contient très peu de matière grasse et pas de cholestérol… sauf si la pleurote est sautée avec du beurre à l’ail. La recette la plus appréciée de Nathalie Bhoyroo. Comme Mario Niclair, Nathalie Bhoyroo a bénéficié de deux formations données par la Mushroom Unit, un laboratoire de l’Agricultural Research and Extension Unit (AREU) situé à La Brasserie.

 

Ex-cuisinière dans l’hôtellerie, Nathalie Bhoyroo est «émerveillée par la croissance rapide de ces champignons et leur rendement». Ainsi, chaque sac permetenviron quatre cueillettes étalées sur 15 à 20 jours, soit une récolte de 750 g maximum de champignons par sac de substrat de 3 kg (selon la Mushroom Unit).

 

Business

 

 

«Après l’évaluation de la phase pilote, les premiers bénéficiaires deviendront formateurs auprès d’autres familles. Jusqu’à présent, la Fondation K-Force a acheté les sacs prêts à l’emploi auprès de l’AREU. À l’avenir pour toucher davantage de ménages, nous devrons probablement envisager de produire nous-mêmes des sacs de substrats à grande échelle. Mais cela requiert d’acquérir toute une technique et du matériel », souligne Vijay Naraidoo.

 

Les formations données par la Mushroom Unit ont abordé toute la chaîne de production : de la composition du substrat au conditionnement des champignons frais en barquettes sous film plastique. Ce qui a donné des idées à certains bénéficiaires.

 

«Petit à petit, pourquoi ne pas en faire un business ?»,se demande Gilbert Ravina, peintre de profession. À Barkly, sur son toit,Gilbert Ravina ne manquerait pas d’espace pour la culture des pleurotes. Une production, qui resterait toutefois saisonnière, la pleurote n’appréciant pas les grosses chaleurs.


La Fondation K-Force

Le député Kee Chong Li Kwong Wing avec une famille de bénéficiaires du projet potager. (Photo d’archives)

 

Inspiré par sa mère connue sous le nom de Popo (appellation chinoise de grand-mère), le député Kee Chong Li Kwong Wing a créé La Fondation K-Force, en 2011. Cet organisme à but non lucratif vise à promouvoir l’autosuffisance alimentaire, avec la culture de légumes et d’herbes aromatiques. Aujourd’hui, les jardiniers les plus astucieux ont planté dans des machines à laver hors d’usage, de vieux réfrigérateurs, des téléviseurs, des rice-cookers… Et leur rendement dépasse la consommation familiale.

 

«Le surplus de production est échangé entre voisins, comme au temps du ‘barter system’. Nous avons également l’intention d’encourager la commercialisation de la production excédentaire. Nous réfléchissons à une stratégie marketing, notamment à l’opportunité de faire certifier ces produits ‘bio’, puisque les familles produisent sans pesticide, grâce aux conseils du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire et de l’AREU (Agricultural Research and Extension Unit)»,indique Vijay Naraidoo, coordinateur de la Fondation K-Force.


La pleurote étape par étape

 

  • La culture démarre avec la préparation de la semence, (appelée le «blanc» ou «spawn»). La préparation du «blanc» est entreprise dans des conditions aseptiques à partir du mycélium (partie végétative des champignons) prélevé préalablement dans une précédente culture pure et non-contaminée.

 

  • Le substrat, qui accueillera le «blanc» est composé de bagasse (80%), de maïs (10%) et de chaux (10%). Ce substrat est placé dans des sacs en plastique, dont les extrémités sont attachées avec du raffia. Les sacs sont pasteurisés à 60°C/70°C pendant trois heures, puis refroidis. Les extrémités des sacs sont ouvertes et le substrat ensemencé avec le blanc.

 

  • Les sacs sont placés dans un lieu frais, humide, bien aéré et à l’abri du soleil. Trois à quatre semaines sont nécessaires pour la colonisation des sacs par le mycélium. Le substrat doit rester humide, ce qui nécessite d’asperger les extrémités du sac deux fois par jour.

 

  • Les champignons se développent dans quatre à six jours. La cueillette se fait préférablement en coupant tous les champignons se trouvant à l’extrémité du sac, en même temps. Les restes des champignons qui s’accrochent encore au substrat doivent être retirés afin d’éviter pourriture et contamination.

 

  • Après la récolte finale (la quatrième avec un même sac), le substrat résiduel étant organique peut être incorporé au sol avec du fumier.

 

Source : Documentation «Pleurote, Pleurotus Sajor Caju», «Mushroom Unit», La Brasserie Road, Curepipe. Tél : 670 6457

 

 

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